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Rencontre

Musique Renaissance & Nankuan

Le Nanyin, (mélodie du sud) est considéré comme un « fossile vivant » de la musique chinoise. Ce genre musical transmis depuis la dynastie des Han de l’Est (25-220 apr. J-C.) nous est parvenu grâce à un système de notation qui utilise les idéogrammes chinois, la notation gongche. A l’origine musique de cour, le Nanyin s’est ensuite diffusé dans toutes les couches de la population et reste aujourd’hui très populaire dans la province du Fujian ainsi qu’à Taiwan.

Ce genre musical très ancien toujours vivant et pratiqué au XXIème siècle a valu au « Nanyin » d’être inscrit en 2009 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, reconnaissance internationale de la valeur de cet héritage culturel.

Cette musique d’un rare raffinement me fascine depuis de longues années, en effet si nous ne savons rien des musiques, des mélodies, des sonorités même de nombreuses civilisations anciennes, le Nanyin lui, miraculeusement préservé, témoigne d’une civilisation chinoise multimillénaire. Comment imaginer un dialogue fructueux avec notre tradition musicale occidentale, sans trahir cet art immémorial ?

Les échanges avec Wang Shin-Shin, la grande star du Nanyin, l’écoute attentive de son art, son véritable désir d’échange et de partage m’ont décidé à m’orienter vers des musiques occidentales vraiment anciennes, même si nous n’avons pas en Europe de musiques qui remontent aussi loin dans le temps que le Nanyin. J’ai donc choisi des monodies de Guillaume de Machaut le grand maître français de l’Ars Nova du XIVème siècle mais aussi la musique de la génération d’après, que l’on nomme l’Ars subtilior cet automne du Moyen-Age où le raffinement poétique le dispute à la complexité de l’écriture la plus inouïe.

Je partage avec Wang Shin-Shin l’idée d’emprunter de nouveaux sentiers tout en conservant les bases traditionnelles pour insuffler une nouvelle vie au Nanyin. Notre projet de collaboration permettra d’aller plus loin, d’explorer de nouvelles sonorités, la flûte à neufs trous français dialoguera avec la flûte Xiao, le luth avec la Pipa et les autres instruments à cordes erxian et sanxian ; et le chant français répondra aux ballades du Nanyin. Nous ne nous interdisons rien, l’écriture de la musique Nanyin permettra aux musiciens français de rejoindre l’ensemble musical taïwanais, et je ne doute pas que la flûte xiao puisse jouer des mélodies de Guillaume de Machaut.

Au-delà des mers, des différences de culture, du fossé qui pourrait exister entre les sensibilités et l’éloignement historique, nous pouvons dialoguer et célébrer la beauté du monde à travers une musique enracinée dans l’Histoire.

Distribution

Matthieu Le Levreur, baryton
Miguel Henry, luth & guitare renaissance
Nolwenn Le Guern, vièle à archet
Denis Raisin Dadre, flûtes & direction

& Xin Xin Nanguan Ensemble