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Concert

France, Italie, Angleterre : Joutes musicales à la Renaissance

10
Dec

Levroux (36)

17:00 – Festival le chant des voûtes - Association Musiques et interprètes

Avant toute chose préludons. Le prélude, appelé aussi ricercar, (recherche) sert aux instrumentistes à vérifier l’accord, apprivoiser l’acoustique, se chauffer en quelque sorte. Les indiens l’appellent alap, les turcs taksim. Dans leur culture musicale, il n’est pas simple de distinguer ce qui est de l’ordre du prélude, de l’improvisé, libre ou de la composition musicale montrant bien par-là l’absence de hiérarchie entre ces deux manières de faire et de vivre la musique.

Le musicien glisse élégamment de l’un à l’autre une fois qu’il a affirmé clairement le mode dans lequel il allait jouer.

Nous voilà arrivés dans le premier mode, ré ou dorien, dont les traités nous disent que ce mode est plein de confiance. Vous êtes d’ailleurs en terrain connu, celui de la chanson française de l’époque de François Ier, son hit-parade en quelque sorte.  « Au joly bois », « Doulce Mémoire », « Suzanne un jour »… des mélodies dont le succès fut européen, reprises par de nombreux compositeurs mais dont nous vous donnons ce soir nos propres versions. Les danses qui s’intercalent sont aussi prétexte à toutes les gloses, fredons, passages, divisions, ces termes qui désignent tous l’art immémorial et transculturel de l’ornementation. À ce propos, Adrian Petit Coclico, un théoricien du XVIe, affirme que jouer sans ornement reviendrait à manger sans sel et sans poivre une pitance fade !

Angleterre, là aussi le prélude nous introduira dans le royaume dirigé par Queen Elisabeth 1ère. Ici règne l’esprit de mélancolie aristocratique qui caractérise la dernière décennie du XVIe siècle. La fameuse pavane « Lachrimae » de Dowland, d’après le song « Flow my tears », et toute la série de ces mélodies magnifiques  qui traversent le temps, ces ballads tunes : « Fortune, go from my window », ne sont que des prétextes pour nous à toutes les improvisations ; et puis cette pièce extrêmement étrange, « Upon la mi ré » un double ostinato ou ces trois notes la mi ré, mi si la, sont répétés imperturbablement.

Exemple parfait de la contrainte en musique, pendant qu’au-dessus, se développe une mélodie errante d’une mélancolie insondable qui elle, au contraire, est d’une totale liberté. La pièce « The bells » quant à elle, réduit l’ostinato à deux notes do et , imitant par-là le son d’une cloche. Sur ces deux notes toutes les improvisations sont possibles à moins qu’une cloche, excédée, ne vienne l’interrompe…

Prélude de luth pour l’Italie plus ensoleillé bien sûr, l’humoriste ne disait-il pas que si l’Angleterre n’avait pas été envahi depuis 1066, c’est parce que les étrangers redoutaient d’y passer un dimanche ?

Diego Ortiz est espagnol mais vivait dans ce qui était le royaume de Naples à l’époque où il était tenu par Charles Quint. Sa « Recercada » sur l’air de Ruggiero est une brillante démonstration écrite de l’art de l’improvisation développé par les instrumentistes du XVIe à cette époque qui s’est prolongé encore jusqu’au XIXe, où il n’y avait pas de frontière entre musique écrite et musique improvisé, et où les instrumentistes était aussi compositeurs.  La « Monica » n’est autre que la fameuse « Une jeune fillette » mais dont l’origine est italienne sous le titre « madre non mi far monaca ». « L’aria di Firenze » ou « Aria del gran duca », qui concluait les intermèdes de la « Pellegrina » donné pour le mariage du Grand-Duc de Toscane, eu un tel succès qu’il fut ensuite repris partout en Europe. Quant à la « Ciacona » avec son rythme canaille, ses origines sont sans doute moins aristocratiques et semble nous emmener sur des rives plus exotiques.

Infos pratiques

  • Festival le chant des voûtes - Association Musiques et interprètes
  • Collégiale Saint-Sylvain
  • Levroux (36)
  • Tel : 06 67 24 47 25

Distribution

Sébastien Wonner, Clavecin

Miguel Henry, Luth

Denis Raisin Dadre, Flûtes et direction