Concert
Ronsard et la musique : Cueillez, cueillez votre jeunesse (Création 2024)
Paris (75)
Pierre de Ronsard (1524-2024) – Création dans le cadre de la commémoration du 500e anniversaire de la naissance du poète de la Pléiade
Après s’être consacré pendant l’année 2022 à la célébration de Joachim Du Bellay à travers des concerts, un album discographique et des actions auprès du jeune public et avec l’Université d’Angers qui nous emmenées jusqu’à l’Académie Française, Doulce Mémoire, dans la continuité de ce travail sur les poètes de la Renaissance, se concentre en 2024 sur la figure du poète Ronsard. Le cinquième centenaire de la naissance de Pierre de Ronsard nous conduit à nous interroger sur la réception de sa poésie aujourd’hui. Cette poésie que l’on définissait alors comme musique du verbe, portait une immense ambition qui allait bien au-delà de l’enrichissement de la langue française.
Au cœur du groupe de la Pléiade deux conceptions se font jour. L’une est analogique : la poésie est musique ; le vers est comme une musique ; la poésie est comme un chant, conception défendue par Du Bellay pour qui la poésie se suffit à elle-même. L’autre conception, défendue par Ronsard, affirme que la poésie a vocation à être chantée, rejoignant la tradition antique représentée par le personnage d’Orphée. Dans L’abrégé de l’art poétique François de 1565, Ronsard recommande au poète de chanter ses vers : « Je te veux aussi bien avertir de hautement prononcer tes vers, quand tu les feras, ou plutôt les chanter, quelque voix que puisses avoir. »
Ronsard n’a cessé de faire appel aux musiciens et finit par devenir le poète favori des compositeurs de son siècle. Pas moins de 393 mises en musiques de ses poésies par une quarantaine de compositeurs du XVIe siècle sont recensées. Pour Pontus de Tyard, qui fait aussi partie de la Pléiade, l’union de la musique et de la poésie produit des effets thérapeutiques et cathartiques. Tout ce mouvement, dont le chef de file est Ronsard, prête à l’union de la poésie et de la musique des effets psychologiques puissants et bénéfiques. Nourris par la théorie des quatre fureurs, les poètes, intercesseurs entre les muses et le lecteur auditeur, sont investis d’une mission ; rétablir l’harmonie « chassant la dissonante discorde ».
Aujourd’hui, comment retrouver en concert ces effets merveilleux, cette fureur poétique que Ronsard cherchait à créer à l’imitation des antiques, et cette radicalité portée par le mouvement de la Pléiade ? Inversons les hiérarchies communément admises : pour les poètes du XVIe la poésie est dite musique naturelle tandis que la mise en musique par les compositeurs est dite musique artificielle. Nous entendrons donc d’abord le poème, proféré sur le modèle de l’Aède grec, investi, inspiré et prophétique. Une fois reçue par nos oreilles ententives écoutons la musique artificielle : nous choisirons alors de faire entendre plusieurs mises en musique de ce même poème afin que l’auditeur puisse comparer activement le passage du texte à la musique et les moyens rhétoriques employés par les compositeurs pour souligner les affects du texte.
Redonner toute sa force à la poésie de Ronsard, source d’effets puissants, en s’appuyant sur la profération du texte. Redonner corps à cette union de la poésie et de la musique tant défendue et désirée par Ronsard et rendre l’auditeur actif nous inspirent dans la création de ce nouveau programme.
Infos pratiques
Pour aller plus loin : Ronsard aux XIXe et XXe siècles
Cet intérêt des musiciens pour les poésies de Ronsard continue au XIXe et au XXe siècle. Charles Gounod, Georges Bizet, Richard Wagner, Pauline Viardot, Francis Poulenc et Maurice Ravel, pour n’en citer que quelques-uns, écrivent des mélodies sur les textes du Poète.
C’est pourquoi, Doulce Mémoire prévoit en 2024, la sortie d’un double album consacré aux mises en musique du poète. Le premier album se concentrera sur le répertoire du XVIe ; le second sur les mises en musique des textes de Ronsard aux XIXe et XXe siècle.
C’est le talentueux baryton Marc Mauillon, accompagné par la pianiste Anne Le Bozec, qui interprètera ce programme au disque ; lui, qui parallèlement à sa carrière de soliste à l’Opéra a toujours consacré une place de choix à la musique de chambre ou à la musique polyphonique ancienne, notamment et depuis 20 ans au côté de l’ensemble Doulce Mémoire.
Ce récital chant et piano est également disponible en concert, en résonance au concert de Doulce Mémoire.
Distribution
Version à 6
Philippe Vallepin, récitant
Clara Coutouly, soprano
Hugues Primard, ténor
Miguel Henry, luth
Sébastien Wonner, épinette
Denis Raisin Dadre, flûtes et direction artistique
Version à 12
Philippe Vallepin, récitant
Clara Coutouly, soprano
Camille Fritsch, mezzo-soprano
Olivier Coiffet, alto
Brice Claviez-Homberg, alto
Hugues Primard, ténor
François-Olivier Jean, ténor
Marc Busnel, basse
Jean-Michel Durang, basse
Bor Zuljan, luth, guitare renaissance
Sébastien Wonner, épinette
Denis Raisin Dadre, direction artistique